Rebondir sur le courrier d'un lecteur

Cher Francis Bernard,

Je suis un lecteur assidu des aventures de Julius Van Thussen dont je viens de terminer le dernier opus "l'homme qui mangeait le soleil". La scène où il vomit la lumière et les forces quasi divines du soleil restera dans tous les esprits. Quant à la beauge où il croupit, c'est du Dante pur jus, on peut dire "touche ! c'est du Dante!". Le pékin moyen que je suis n'entrave rien à la philosophie de l'art, Vous avez beau multiplier les références à Léonard, au Banquet de l'ami Platon, ce discours sur le beau et le juste, sur la vie libidineuse de Raphael (pas seulement lui mais aussi ce coquin de Thoron qui ne pense qu'à se faire éponger les glandes dans le premier bordel venu), et Jean Passe..., Donc, quand vous aurez avalé votre 14 ème "martini", recette du Harry's : une goute de Noily Prat sur deux glaçons, puis 4cl d'un gin de qualité (Hendrick's, Bombay Sapphire ou Tanqueray), une olive et un zeste (faite un beau zeste...) de citron, je vous demande de répondre à mes attentes, qu'allez-vous encore nous trouver de plus dans le quatrième livre des aventures de ce dandy à la bedaine arrondie, aux rouflaquettes philippardes et à l'ego surdimensionné tel un sexe qui aurait rencontré les lèvres de ma femme Monique ?

Je vous le demande ?

Littérairement vôtre,

Thimoléon Schneckenbutter, lecteur averti.

Mon bien Cher Thimoléon,

J'ai pris connaissance de vos commentaires et une urbanité  toute relative m'oblige à répondre à vos assertions.

Je commence par la fin (pour une fois). Si tous mes lecteurs étaient "lecteur averti" comme vous le prétendez dans votre signature, je doublerai mes droits d'auteur car un lecteur averti en vaut deux. Alors que je tire toujours le diable par la queue, à telle enseigne que cela doit lui faire mal (j'aimerai pas non plus).

Mon personnage, mon héros favori, est un personnage, vous l'aurez compris, pas un homme du commun. Son intelligence se le dispute à sa culture, son érudition à la Achille Talon, son cabotinage d'histrion comme un de mes amis qui se prend pour Talma quand sur scène il monte (c'est d'ailleurs tout ce qu'il monte...). Je ne saisis pas très bien vos zobjections sur Dante, avez une Dante contre lui ? Ou pensez-vous à une tante (soeur de votre joyeux père) ou ne confondez-vous avec une tente qui, elle, peut- être canadienne?

Ce livre, gloire à ma modeste littérature, réfléchit sur le Beau avec un grand B comme Braquemard, comme Banquier, comme Biroute, ou plus simplement pour votre comprenette élémentaire accessible à votre bric-à-brac intellectuel comme bite ou bourse ou baiser ou bander et plus sûrement dans votre cas branler. Vous êtes dans le branlage (peut-être "branlation" ? je vérifie chez mon ami Littré, j'ai déjà un Littré de gin dans le cornet) intellectuel, celui qui fait croire à des milliers de gens à l'indigence culturelle que la culture classique se tond (avec une tondeuse Wolf, la seule qui finance mes oeuvres sociales et artistiques) sur le front d'une exposition ou sur le faîte d'une conférence hautement enculturée.

Sachez mon bon Thimoléon que l'art est difficile et la critique aisée (j'aime enfoncer les portes ouvertes surtout quand il n'y a pas de porte). Aussi, pour vous être agréable, je confesse (c'est mon côté catholique) (et le mot fesse y est intégré) que je m'assoie sur votre avis, que je le compisse tout en étant ravi (au lit ?) que vous soyez le seul lecteur des mes oeuvres impérissables.

A lire vos prochaines critiques (espèce de peigne-cul),

votre tout dévoué, FB M. 

Comments

[corazon]

Bonjour,

J'ai lu vos deux romans précédents et j'ai beaucoup apprécié "l'homme qui mangeait le soleil". De Rome à Vienne en passant par Genève, j'ai rencontré Raphaël, Platon (bien-sûr) et tous les autres.... Me suis délecté de tous ces bons repas car bien sûr ce Julius est plus que raffiné surtout lorsqu'il s'agit de bonne bouffe ! Continuez cher Monsieur Martz à nous faire saliver et à nous proposer d'autres belles aventures avec cet homme si remarquable qu'est ce Julius Van Thussen.

Cordialement.



Corazon